« 13 reasons why », encore une série où Netflix a visé plein dans le mille, non seulement pour divertir les téléspectateurs, mais aussi pour les bousculer avec un thriller captivant.

Dans des sociétés où le harcèlement est monnaie courante, où les pratiques sexistes sont banalisées et où les réseaux sociaux ont envahi nos vies permettant à n’importe qui d’y entrer et d’y porter atteinte, la série tombe à pic.

« 13 reasons why » raconte la vie ou plutôt la mort de Hannah Baker, une lycéenne de 17 ans qui a vu son existence basculer après qu’une photo d’elle a été envoyée à tous les élèves de sa classe.

La série est une adaptation du best-seller de Jay Asher, qui porte le même nom et qui s’est vendu à plus de 2,5 millions d’exemplaires rien qu’aux USA. Elle a été produite par Selena Gomez. Elle affiche une bande son intéressante et des goûts rétro à coup de Mustang rouge et de cassettes à l’ère du numérique. Le numérique n’est-il d’ailleurs pas considéré comme un fléau dans cette histoire ?!

Hannah Baker est une adolescente avec des problèmes d’adolescents. Elle veut s’intégrer, elle veut avoir des amis, un copain. Mais un enchaînement d’événements va l’entraîner dans le cercle vicieux de la dépression et de l’isolement. Hannah tente d’appeler au secours à plusieurs reprises mais les responsables du lycée font semblant de ne rien voir. 

Ses amis agissent de façon égoïste et individualiste, la laissant tomber à chaque fois qu’elle a eu besoin d’eux. Ses parents sont absorbés par leurs problèmes financiers. Elle prend alors la décision de mettre fin à ses jours mais avant, Hannah auparavant enregistrer des cassettes. 

13 enregistrements, dont chacun concerne une personne qu’elle estime responsable de sa mort.

Clay Jensens, son ami découvre les cassettes en rentrant chez lui, quelques jours après la mort de l’adolescente. Il prend alors le temps de les écouter et cherche même à venger son amie.

Les flash-back sont nombreux et on bascule souvent entre le moment présent et le passé. Clay se retrouve dans la mémoire de Hannah, il est témoin des scènes les plus marquantes de sa vie. L’enchaînement entre les souvenirs de la morte et le vécu actuel de son entourage est vraiment réussi, le téléspectateur n’a aucun mal à suivre le déroulement de l’intrigue, le suspense est maintenu jusqu’au dernier épisode. N’oublions pas que parmi les réalisateurs il y a Tom McCarthy, un réalisateur oscarisé qui nous a offert l’excellent « Spotlight ».

La série est sombre certes, elle plonge dans la vie d’adolescents tourmentés. Elle braque les projecteurs sur la violence dans les établissements scolaires, sur le sexisme et les abus sexuels auxquels font face les filles et qu’elles doivent subir parfois en silence sans oser dénoncer. Elle met aussi l’accent sur le refus de l’autre et de la différence comme pour les homosexuels qui tentent de se cacher par tous les moyens. Mais « 13 reasons why » est une série passionnante qui s’est vite transformée en phénomène suscitant parfois la polémique de ceux qui y voient une apologie du suicide.

Aujourd’hui, des millions de personnes attendent la saison 2 que Netflix a promis et dont elle a publié les premières images.

Il est vrai que la série met en scène des adolescents américains, mais leurs problèmes sont ceux de n’importe quel adolescent dans le monde, de toute jeune personne qui apprend les rouages et les mécanismes complexes de la vie d’adulte et qui se heurte à un système auquel il est parfois difficile de s’adapter. 

Hannah a choisi de se suicider, mais si une seule petite chose avait changé dans son histoire, elle ne l’aurait probablement pas fait. “Butterfly effect”. 

« 13 reasons why » ne justifie pas le suicide, elle nous dit qu’en faisant attention à l’autre, on peut sauver une vie.